portique de la mairie
Par ses colonnes et sa symétrie, le portique de la Mairie incarne bien la République
Gravette
Bel exercice de géométrie pour un épi
Dissymétrie de May Lily créée par la tourelle
Dissymétrie de May Lily créée par la tourelle
Symétrie et lumière des vitraux du bow-window de Vincenette
Symétrie et lumière des vitraux du bow-window de Vincenette
Roma : sobriété, lignes géométriques nettes, des similitudes avec la cité de Lège mais une décoration classique : c'est de l'Art Déco
Des volumes géométriques élémentaires composent Roma

Depuis le début de notre chronique, nous vous parlons de « belle » villa, de « belle » fenêtre, de « beau » porche,.. Nous n’avons jamais donné de critère de jugement et pourtant personne n’a protesté devant cette anomalie comme si c’était évident. Est-ce si simple la beauté ? D’où vient cette apparente unanimité ?

C’est le philosophe et mathématicien grec Pythagore, celui du fameux théorème, qui, il y a vingt-cinq siècles, en a donné les premières règles et elles se sont si profondément ancrées dans la tête de nos ancêtres qu’elles sont toujours dans les nôtres sans que nous nous en rendions compte : est beau ce qui est régi par les mathématiques, les nombres, la géométrie.

Est donc beau et harmonieux en architecture :
– ce qui a des proportions définies, par exemple par le fameux nombre d’or utilisé dans de nombreux bâtiments depuis l’Antiquité.
– ce qui est symétrique comme la façade d’un temple grec
– ce qui est régulier, rythmé comme les colonnades de ces temples
– ce qui est délimité par des des lignes nettes, terminé. Les fausses ruines chères aux 18ème et 19ème siècles auraient, par exemple, choqué un Grec
– mais aussi ce qui brille, (ah, l’or !) et, bien sur, ce qui fait rêver.

Les Romains, avec leurs majestueuses perspectives, vont développer l’héritage grec et nous le transmettre. L’époque gothique va insister particulièrement sur ce qui brille avec la lumière, les vitraux, les pierres précieuses des objets religieux, mais la symétrie, la régularité, la netteté des piliers et des croisées d’ogives, la finesse et la solidité des structures montrent que les nombres et la géométrie étaient la base de cette architecture.

La Renaissance fit un retour remarquable sur l’Antiquité. Les formes sont très belles, paraissent simples, mais des proportions complexes sont omniprésentes, s’appuyant souvent sur le nombre d’or, les suites mathématiques ou sur un module tiré du corps humain. C’est sans doute la période où les nombres ont eu le plus d’importance.

L’époque baroque poursuit la tendance, d’autant plus que les monarchies absolues qui gouvernent l’Europe sont très attachées à la majesté et à la sensation d’ordre et de stabilité qui se dégage de la symétrie, de la ligne droite, des colonnes, des balustrades, des pilastres et des statues à l’antique. Les bâtiments sont beaux, éventuellement un peu rigides, Versailles en est un bel exemple.

C’est le Siècle des Lumières qui va jeter un pavé dans la mare en expliquant qu’aucun objet n’était beau en lui-même, mais que c’était nous qui le trouvions beau. Les règles pouvaient donc être transgressées puisque c’était une question de goût. Les habitudes et les cultures changent lentement, les lignes courbes, asymétriques du jardin anglais vont se développer dès le 18ème siècle, mais c’est seulement vers 1865 que la nouvelle classe dominante, la bourgeoisie, va rejeter certains traits de l’architecture de l’Ancien Régime et adopter l’asymétrie pour la silhouette extérieure. Elle donnait à chacun plus de possibilité d’affirmer sa propre personnalité à travers sa villa. La quasi totalité des éléments resteront cependant symétriques.

Les premières villas de la Ville d’Hiver, presque tous symétriques à la construction, seront modifiées ultérieurement pour s’adapter à cette évolution plus visible que profonde, mais les architectes, fortement imprégnés de culture classique, respecteront avec grand soin les proportions apprises et souligneront les lignes structurant chaque villa. Les bâtiments publics comme les palais de justice ou les hôtels de ville resteront par contre symétriques avec des façades antiques pour mieux incarner la république.

Au 20ème siècle, le style basco-landais, le Mouvement moderne, l’Art Déco et les réalisations contemporaines vont renouveler et apparemment simplifier l’architecture en revenant à des formes géométriques simples. Le Modulor de Le Corbusier, fondé entre autres sur le nombre d’or et les proportions traditionnelles, montre cependant que les règles grecques de la beauté ne sont toujours pas obsolètes. Le goût pour la géométrie et certaines proportions restera sans doute longtemps une valeur sure des Occidentaux..

La beauté, qui paraît si simple, ne l’est pas. Elle est culturelle et change donc très lentement. Les Chinois ont d’ailleurs une autre idée de la beauté, mais ce serait un peu long de l’exposer ici.

Si vous devez faire des travaux , n’oubliez pas que l’architecture est un métier. Nombreux sont ceux qui, en effectuant des travaux coûteux, ont diminué la valeur de leur villa. La modification d’une belle villa est complexe, sa beauté est un facteur important de son attrait, mais aussi de celui d’Arcachon.

Francis Hannoyer

Belle symétrie de Miramar où l'influence grecque n'est pas cachée
Belle symétrie de Miramar où l'influence grecque n'est pas cachée[
Isly
Isly, malgré sa surélévation centrale récente, donne une bonne idée des villas antérieures à 1850
Salesse
Symétrie également pour le style colonial de Salesse construite un peu après 1850
Crête Constantine
La toiture de Constantine mêle fantaisie et rythme
Belle serlienne Art Déco, synthèse entre la fenêtre classique et la sobriété du 20ème siècle, sur Roma, allée Sainte Anne, aux Abatilles
Géométrie, proportions et apparente simplicité d’une Serlienne, invention de la Renaissance
La villa "Les Abatilles" inspirée de la métairie du Labourd, avec un socle en pierrre et de belles jardinières de fleurs
Régularité des pans et structure bien marquée du style néo-basque sur Les Abatilles
Beauté et architecture