On les appelle aussi colombages et leur origine médiévale est évidente : la pierre était lourde, coûteuse, absente de certaines régions. Le bois était abondant et facile à travailler. Au Moyen Age, la maison était presque toujours à ossature bois visible, avec des pièces obliques, croix de Saint André ou contrefiches pour donner de la rigidité. Les vides entre les pans étaient bouchés avec du torchis, mélange de terre argileuse et de paille peu coûteux et donnant une bonne isolation thermique. Les pans néo-médiévaux sont représentatifs du 19ème siècle : souvent fabriqués industriellement et uniquement décoratifs, il incarnaient l’attachement aux valeurs traditionnelles de notre société.

Quelques villas d’Arcachon présentent des pans néo-médiévaux, mais beaucoup sont de style néo-basque, apparu au tournant du 19ème et du 20ème siècle en s’inspirant de la métairie du Labourd, la partie côtière du Pays Basque français. La même tendance est d’ailleurs apparue dans d’autres régions avec le style néo-normand par exemple. Ils symbolisent le retour à la Nature, l’authenticité des valeurs traditionnelles incarnées par le terroir, la province par opposition à la ville.

Les pans, de bois ou de ciment, sont l’élément le plus visible du style néo-basque. Ils sont essentiellement horizontaux ou verticaux et placés uniquement sur les étages supérieurs. Peints de couleur vive, souvent rouge basque, ils contrastent fortement avec la façade blanchie à la chaux. Dans la métairie basque traditionnelle, les pans et l’entrée étaient évidemment placés sur le pignon Est, le petit côté de la maison, protégé des intempéries venant de l’océan.

La villa néo-basque privilégie l’esthétique : le pignon et les pans ont conquis les deux grands côtés situés généralement face à la rue et au jardin. Ils sont purement décoratifs.

Quelques villas, où l’inspiration landaise s’exprime, montrent cependant des pans sur toute la hauteur. En effet, dans les Landes, l’absence de pierres rendait difficile la construction de fondations et de murs en dur. L’ossature bois descendait jusqu’au sol, posée quelquefois sur un lit de garluche, grès ferrugineux extrait du sol des Landes. Par contre la façade de la maison était entièrement couverte d’un badigeon de chaux. Les pans étaient donc bien visibles uniquement lors de la disparition de ce badigeon sous les intempéries. La maison landaise serait probablement une variante de la métairie basque.

L’ensemble de La Dune, boulevard de la Côte d’Argent, construit par le grand architecte Jacques d’WELLES, est un bon exemple de mélange entre le style néo-basque aux pans colorés et le néo-landais aux pans allant du haut en bas des murs. On parle d’ailleurs très souvent de style « basco-landais« .

De même, certaines constructions présentent entre les pans un remplissage de briques placées en « feuilles de fougère ». Il s’agit d’une tradition du Marensin et du pays de Born, les deux principales zones côtières des Landes. Des briquettes, plus minces que les briques actuelles, étaient placées ainsi car elles étaient plus larges que l’écartement entre les pans. La nécessité technique a donné naissance à un motif décoratif qui accentue le caractère rustique de la villa.

Les pans sont l’élément le plus marquant de l’architecture de notre région. Les notions de terroir, de Nature, de vacances, qu’ils véhiculent sont en harmonie avec l’image et la réalité de notre région. C’est la raison de leur choix et de leur succès.

Francis Hannoyer

Les pans du belvédère de Sirius, boulevard Mestrezat, sont nettement d'inspiration médiévale
Les pans du belvédère de Sirius,
boulevard Mestrezat, sont nettement d’inspiration médiévale
La villa Esti Baïta, allée des Tilleuls, est typique de l'architecture néo-basque.
La villa Esti Baïta, allée des Tilleuls, est typique de l’architecture néo-basque.
La Dune
La Dune
Feuilles de fougères sur Beau Séjour, rue du Père Ozil
Feuilles de fougères sur Beau Séjour, rue du Père Ozil

 

Les pans