Dans la période qui entoure l’année 1900, l’Europe s’adonne aux délices de l’Art Nouveau à la décoration végétale exubérante. Lassés de l’abondance de cette décoration qui était déjà une caractéristique du style Pittoresque, des architectes de Glasgow et de Vienne, la capitale autrichienne, vont essayer simultanément d’inventer la maison du 20ème siècle.
Leurs idées directrices sont la recherche de la beauté dans la pureté des formes géométriques et les proportions mathématiques, l’adaptation de la maison à sa fonction, l’harmonie entre l’intérieur et l’extérieur, l’utilisation des matériaux nouveaux et en particulier le béton. Les autres arts évoluaient dans le même sens, le cubisme et l’art abstrait apparaissent à peu près à la même époque.
La facilité des transports et des communications va permettre une diffusion de leurs idées et de leurs premières réalisations. Le nouveau style, qualifié plus tard de « Moderne » ou « International » était né. Il se développera seulement autour de 1925. Les premières réalisations de « l’avant-garde » du mouvement moderne, et en particulier celles du suisse Le Corbusier, vont déclencher de virulentes polémiques dans notre pays où l’hécatombe de la première guerre mondiale avait provoqué un doute sur les bienfaits du progrès et un retour sur les idées et valeurs traditionnelles.
Les architectes français, nourris d’architecture classique par leur formation aux Beaux Arts, vont élaborer un compromis acceptable pour certains : l’Art Déco.
La caractéristique la plus visible sera la sobriété des volumes. La droite et le plan sont prépondérants malgré la présence de courbes semi-circulaires. Le toit est généralement plat., une pergola très géométrique souligne souvent la terrasse ou l’entrée. C’est toute la façade, dans sa blancheur, qui accroche la lumière et non les éléments décoratifs comme dans l’architecture pittoresque. Un porche inclus dans le volume et souvent agrémenté d’une colonne précède fréquement la porte d’entrée.
La lumière pénètre largement grâce à des baies élargies. Les fenêtres sont par ailleurs de formes variées, souvent à pans coupés. Les grilles et les rampes en fer forgé sont fréquentes. Les balustrades, souvent en tube métallique, évoquent le pont des paquebots, le grand air.
Une décoration extérieure limitée rappelle les éléments classiques de l’Antiquité ou de la Renaissance : colonnes, chapiteaux, bas-reliefs, mosaïques, formes naturalistes stylisées.
La décoration intérieure garde le même style mais elle est souvent beaucoup plus riche, plus colorée et se réfère à des éléments comme l’exotisme ou la libération de la femme.
N’oublions pas que la période Art Déco est aussi celle du Charleston, de la coiffure à la « garçonne », de la vitesse, de l’exubérance.
Les jardins s’inspirent des mêmes principes : des bassins aux formes géométriques sont souvent situés au centre d’ensembles marqués par leur symétrie, des haies taillées au cordeau contrastent avec des colonnes ou des arbustes verticaux comme les cyprès. Des mosaïques décorent les murets. Une pergola souligne souvent le portail.
Dans tous les quartiers d’Arcachon, des constructions comportent des éléments Art Déco, mais rares seront celles qui le sont totalement. Les trois plus caractéristiques sont Kypris, la villa construite au Moulleau par Roger-Henri Expert, considérée comme un des chefs-d’œuvre de ce style en France, Roma, une villa peu connue du quartier des Abatilles et Iris, construite par Louis Gaume en Ville d’Hiver. En vous promenant dans Arcachon, ne manquez surtout pas cette étape importante de l’histoire de notre patrimoine.
Francis Hannoyer