Ce n’est qu’à partir du 16ème siècle que la fenêtre vitrée s’emploie couramment dans les maisons, mais le verre soufflé est coûteux, les vitres sont de petite dimension car elles correspondent à une bouteille déroulée. Il faut attendre l’invention du verre plat en 1840 pour qu’elle laisse entrer largement le jour. La fenêtre est un élément fonctionnel de communication entre l’intérieur et l’extérieur de la maison : elle fait entrer la lumière, libère la vue vers l’extérieur et laisse pénétrer l’air.
Depuis des siècles, elle est aussi un élément de décor architectural, source de nombreuses recherches et variations suivant les régions. Pour créer une profusion de styles, les architectes ont travaillé sur les jeux d’ombre et de lumière liés au relief des encadrements et frontons, sur la forme des baies et leur répartition sur la façade, sur les couleurs par l’utilisation de matériaux différents (brique, pierre, vitraux, huisseries et volets de bois).
A Arcachon, la fenêtre traditionnelle est rectangulaire, environ deux fois plus haute que large, contribuant à accentuer les lignes verticales de l’architecture. Elle est parfois surmontée d’un fronton triangulaire ou curviligne selon le style de la maison.
Le promeneur attentif pourra aussi découvrir la plupart des autres formes imaginées par les architectes : la fenêtre en doucine d’origine islamique et adoptée par le gothique, la fenêtre à lancette, haute et étroite avec un arc brisé typique des styles gothiques et byzantin, la fenêtre à accolade datant du gothique flamboyant et qui se poursuivra à la Renaissance.
L’arc outrepassé était utilisé dans des fenêtres souvent géminées pour donner une touche mauresque, allusion au Casino Mauresque qui dominait la Ville d’Eté. Il correspond souvent à l’escalier.
L’influence italienne apparaît dans les fenêtres en plein cintre, mais aussi dans les serliennes, ces très belles fenêtres inventées par l’italien Serlio, « Architecte du Roy » François Ier, dont les livres ont influencé toute l’architecture de la Renaissance.
Au 20ème siècle, la fenêtre évolue de façon très sensible :
Le mouvement régionaliste cherche à retrouver les valeurs traditionnelles incarnées par la province en l’accompagnant d’une simplification des formes liée à l’utilisation des matériaux modernes et à la volonté de toucher une clientèle plus large. Dans notre région, le style néo-basque, apparait dans les toutes dernières années du 19ème siècle, mais il ne se répandra qu’après la première guerre mondiale. A Arcachon, des hommes comme l’entrepreneur Louis Gaume vont donner à ce style une touche personnelle. Il revient aux petits carreaux rappelant les maisons anciennes mais surtout modifie les proportions avec des fenêtres plus larges que hautes accentuant les lignes horizontales de l’architecture. La fenêtre est souvent accompagnée de jardinières de fleurs et surplombée d’une décoration haute à base de tuiles canal
Le style Art Déco simplifie la décoration, cherchant la beauté dans la géométrie de formes à base de rectangles, de cercles, de trapèzes, de figures aux angles divers. Ce style, qui a rencontré un grand succès en France, est particulièrement développé à Arcachon où la fenêtre haute à pans coupés coexiste le plus souvent avec de larges baies, des « œil de bœuf » octogonaux, mais aussi des œuvres plus originales.
Le courant moderniste dépouille enfin complètement la fenêtre dont les proportions deviennent plus libres, elle est quelquefois l’unique élément structurant de la façade.
La fenêtre est donc un élément fort du style de votre maison. Si vous voulez vraiment la modifier, n’y jetez pas votre argent et prenez garde au décor : conservez ses proportions et ses matériaux car l’esthétique de nos fenêtres est due entre autres à la finesse de ses « petits bois », finesse que le PVC n’est pas encore capable d’égaler. Veillez surtout à maintenir son harmonie avec les autres ouvertures. Si vous voulez en supprimer ou en ajouter, mieux vaut consulter un architecte, il en va du cachet de votre maison et de la valeur de votre patrimoine.
Francis Hannoyer