Quand nous décrivons une belle villa, nous parlons souvent du jardin et des arbres qui l’entourent, de la façade et de sa décoration, éventuellement du portail, de la terrasse, mais nous oublions fréquemment un élément essentiel : la toiture.

Bien entendu, le toit sert à couvrir la construction, la protéger de la pluie, mais il participe aussi beaucoup à l’esthétique de la villa, à l’image qu’elle va donner aux visiteurs, aux passants.

Pourtant unique à Arcachon avec ses tuiles de Bourgogne, la toiture de Constantine passe souvent inaperçue, mais elle fait l’admiration de ceux qui la remarquent.

Une erreur de conception sur la forme, la pente, la couleur . . . peut ruiner la beauté d’une villa. Les Arcachonnais connaissent bien celle où le remplacement de la toiture par une terrasse plate a transformé une merveille de la Ville d’Hiver que nous connaissons par les cartes postales en une construction sans caractère. Inutile de citer le nom.

Les grands architectes qui ont travaillé à Arcachon ont toujours soigné la toiture, y compris ce qui ne se voit pas de la rue, peut-être parce qu’elle était susceptible d’être vue d’une dune voisine ou d’un belvédère proche, plus certainement pour réaliser un travail parfait à tout point de vue.

La toiture très soignée de Miramar, montre bien la structure en U tournée vers le jardin côté Sud.

La première caractéristique que l’on remarque est la forme, celle-ci dépend d’abord de la structure de la construction : une villa composée d’un seul volume, de style néo-basque par exemple, aura un toit assez simple à 2 ou 4 pentes. Par contre, une villa pittoresque composée par addition de volumes, et possédant éventuellement une tourelle ou un belvédère, sera surmontée d’une toiture complexe avec des décrochements, des pentes différentes, certainement de superbes charpentes.

Jac-Gui et Lygie, boulevard Deganne, deux villas à la toiture complexe (Google Maps) Remarquez la toiture en ardoises de Lygie

 

La pente du toit est également très importante : une faible pente accentuant les lignes horizontales de la villa donnera une impression de calme favorable à la détente, la méditation. Une forte pente sera plus stimulante, suscitant des rêves de châteaux, de tours, de légendes, des images médiévales, en particulier lorsque ces fortes pentes surmontent des tourelles.

Comparez le belvédère de la Villa Tranquille qui incite au repos et celui de Saint-Yves à la verticalité affirmée, ressentez-vous la différence ?

La Villa Tranquille, avenue Louis Garros

Saint-Yves

 Un autre point important à regarder est la couleur de la toiture, elle dépend essentiellement du matériau utilisé, bien que l’exemple de Constantine nous montre qu’il y a des exceptions.

A Arcachon, presque toutes les villas sont couvertes de tuiles et leur couleur se marie très bien avec les briques apparentes des murs. Cela contribue à l’homogénéité du paysage.

Vue aérienne à cheval sur la Ville d’Eté et la Ville d’Hiver : la tuile est reine à Arcachon (Google Maps)

Cette homogénéité montre aussi que les grands architectes qui ont construit Arcachon ont été prudents dans ce domaine alors que la variété y était plutôt la règle pour les façades et la structure des villas. Cela montre une fois de plus que l’originalité ne pose pas problème si elle est accompagnée d’une grande qualité et si on sait ne pas aller trop loin.

L’ardoise est rare et l’exemple le plus visible est le Château Deganne devenu casino.

Son architecture, copiée sur le château de Boursault, celui de la Veuve Clicquot, est manifestement inspirée de celle des châteaux de la Loire où l’ardoise d’Angers fait contraste avec la blancheur du tuffeau, la pierre de la région. L’ardoise sera surtout utilisée à Arcachon pour couvrir des tourelles et une vingtaine de constructions importantes. Faut-il y voir un rappel du toit du Château Deganne ? c’est possible mais il ne faut pas oublier que la clientèle d’Arcachon a été pendant longtemps nationale et internationale, tous ces « étrangers de qualité », comme on disait à l’époque, ont laissé la marque de leur culture.

La plupart des toitures en ardoises ne choquent pas et beaucoup d’Arcachonnais auraient sans doute du mal à citer la moitié de ces toitures. Essayez de les citer de tête sans regarder votre documentation, vous serez sans doute surpris.

Un aspect essentiel à Arcachon est l’abondance et la variété de la décoration des toits : crêtes, épis de faîtage, sculptures, lucarnes, souches de cheminées, girouettes, etc. Surtout entretenez les bien, leur présence est souvent essentielle à l’harmonie de votre villa et les supprimer lui enlèverait son originalité, quelquefois une grande partie de sa valeur.

Cigogne sur le toit de Saint-Martin, allée des Tilleuls

Pensez aussi à la qualité du paysage d’Arcachon, l’intérêt de chacun est de le sauvegarder. Cela n’est pas du tout incompatible avec la modernisation nécessaire de notre station, l’opération « Cœur de ville », réalisée il y a une dizaine d’années, le montre bien.

Le « Cœur de ville » vu du Parc Mauresque : les toits en tuiles des nouveaux immeubles se sont parfaitement intégrés au paysage.

Maintenant, quand vous vous promènerez dans Arcachon, n’oubliez pas de regarder les toits et, si vous refaites votre toiture, pensez à son intégration dans le paysage, regardez bien celle des voisins avant de changer de matériau.

Francis Hannoyer

La toiture