Cette villa du quartier des Abatilles a été entièrement conçue par son futur propriétaire, un passionné du Pays Basque qui désirait une maison basse pour l’été. Construite en 1956 par l’entreprise Jeanneau et Daunizeau, Rikitea est sans doute la première villa inspirée des maisons traditionnelles de Basse-Navarre construite à Arcachon. C’est en tout cas la plus caractéristique de ce type.
C’est une villa basse, qui capte la fraicheur du sol, conçue pour être habitée essentiellement l’été. Elle ne comporte pas de pans de bois comme les métairies du Labourd qui ont servi de modèle aux premières villas néo-basques. De gros linteaux de fenêtre en grès rouge de la Rhune, la montagne mythique du Pays-Basque français, se détachent nettement sur les murs blancs, lui conférant une sobriété à la fois rustique et moderne.
Les appuis de fenêtres, les corbeaux qui soutiennent les grosses poutres et le cartouche qui porte le nom de la villa sont également en pierre de la Rhune.
Les portes en plein cintre sont surmontés de claveaux imposants. Comme les linteaux et les appuis de fenêtre, ils ne sont pas plaqués sur la façade comme une décoration, mais ont la même épaisseur que le mur.
Si l’on ajoute les dalles de la terrasse et les pierres du mur de clôture, ce sont huit tonnes de grès qui ont été utlisées pour la construction. Il s’en dégage une impression de solidité qui est clairement une réalité.
La charpente, les portes et les fenêtres ont été réalisées en chêne de Dordogne séché très lentement à l’air. Il n’a subi aucun traitement, n’a été ni peint ni verni et n’a pas bougé depuis la construction.
Rikitea a été suivie à Arcachon et aux alentours par de nombreuses villas inspirées du type « navarrais », mais construites avec des moyens plus économiques : les linteaux sont, par exemple, en bois et purement décoratifs. La conception s’est aussi modernisée : les portes sont de grande dimension, souvent vitrées pour laisser entrer largement la lumière.
Rikitea reste le superbe témoin d’une phase importante de l’évolution du style néo-basque.
Francis Hannoyer