Construite en 1894, Hamlet est l’une des quatre dernières villas métalliques restant en France. C’est dire la chance que nous avons de posséder un patrimoine aussi rare. C’est aussi un témoin particulièrement original de l’architecture métallique et des innovations qui ont foisonné au 19ème siècle. C’est enfin un bel exemple de la modernité de notre architecture à cette époque. Elle est pourtant peu connue des Arcachonnais et n’est jamais mentionnée dans les documents touristiques de notre station.
Cette technique a été peu utilisée en France, mais beaucoup aux colonies et en Amérique du Sud car elle permettait la construction de maisons préfabriquées faciles à monter, voire à déplacer. Une église a ainsi été réalisée en Amérique du Sud au 19ème siècle.
Le brevet avait été déposé par deux ingénieurs, messieurs Caillet et Gronow. Les pièces métalliques, réalisées par les Forges d’Aumont, étaient gavanisées, recouvertes de plusieurs couches de peinture, leur donnant une excellente résistance à la rouille, puis emballées et expédiées sur le lieu de construction. Le montage de la structure métallique et la réalisation des autres travaux étaient effectués par des entreprises locales.
Hamlet est le cadeau de mariage de monsieur Loustau à sa fille Emilie. Les initiales de la jeune fille figurent d’ailleurs sur la frise de céramique située entre le rez de chaussée et l’étage. Un socle en briquette, classique dans les villas de l’époque, sert de sous-sol. Il est surmonté par la construction métallique. L’ossature est composée de poutres de fer, l’enveloppe extérieure est formée de plaques d’acier de différentes tailles permettant de s’adapter aux demandes du client. Elles permettent aussi de structurer la façade. Des plaques de faible hauteur soulignent la frise de céramique située au dessus. Des demi-plaques marquent les angles comme le ferait le chainage d’une villa en pierre. Cette enveloppe est en parfait état.
Ce mur est doublé à l’intérieur d’une cloison traditionnelle et le vide situé entre les deux permet une circulation d’air pour rafraichir la maison en été. Des aérations peuvent s’ouvrir en partie basse, un ventilateur situé dans les combles permettait d’accélérer la circulation de l’air. Les balcons sont également métalliques.
Les plafonds étaient contitués de tôles métalliques embouties, il n’en reste malheureusement plus qu’un seul. Un système de chauffage à air chaud utilisait les doubles parois pour desservir les différentes pièces, les bouches d’air chaud étaient dissimulées dans les plinthes et les corniches. Ce système a été supprimé mais sa description figure dans un article de l’Avenir d’Arcachon d’avril 1894.
Une véranda a été rajoutée au 20ème siècle côté boulevard de la plage, la masquant en partie, mais la villa est bien visible du parking de la résidence voisine. Si vous rendez visite à une personne de cette résidence, n’oubliez pas d’aller admirer Hamlet et de contribuer à la faire connaître.
Francis Hannoyer