L’histoire de la céramique décorée remonte à la plus haute Antiquité. Un tournant décisif se produit au VIème siècle en Chine avec la découverte de la porcelaine, puis au IXème siècle à Bagdad lorsque des artisans musulmans, qui cherchaient à copier les Chinois, découvrent la faïence et l’utilisent pour décorer palais et mosquées. La technique se transmet rapidement en Espagne et donne naissance aux azulejos hispano-mauresques, puis en Italie aux majoliques.
La faïence pénètre en France au XVIème siècle sous François 1er à l’appel de maîtres de la Renaissance italienne. Mais son application au décor architectural polychrome ne se développera qu’à partir du Second Empire et jusqu’à la Grande Guerre. Il faut attendre que les progrès technologiques permettent de supprimer les craquelures à la cuisson, d’élargir la palette des couleurs et de réduire les coûts de production par la mécanisation.
Alors, sous l’impulsion des Expositions Universelles de 1867, 78, 89 et 1900 et d’architectes novateurs sensibles à la polychromie antique, se développe la mode et le goût pour la céramique architecturale.
Les cabochons, rosaces, frises, médaillons et plaques nominatives sortent des catalogues de la Grande Tuilerie d’Ivry ou de la faïencerie de Choisy le Roy et gagnent les façades des immeubles parisiens puis celles des maisons de villégiature. Ces nouveaux ornements traduisent la fantaisie, l’onirisme, le pittoresque, la modernité, l’évasion et la gaieté. Ils sont l’essence même de l’architecture balnéaire.
Depuis les » années folles » jusqu’à l’ » Art nouveau « , c’est à la plaque nominative en lave de Volvic, en faïence ingerçable (1) ou en grès incrusté, que les propriétaires confient leurs désirs, leurs confidences et leurs messages ornés de fleurs, plantes, oiseaux, rubans, arabesques ou paysages multicolores. Admirez, auscultez votre façade et assurez vous qu’aucun pinceau ou ravalement iconoclaste n’ait détruit ou caché son décor de céramique.
Bernard Plan
(1) Inventée en 1840, pâte épaisse d’argile, de marne, de craie et de sable que la cuisson ne dilate pas, ce qui préserve l’émail du « faïençage », c’est à dire des craquelures.