ÉDITO

Notre année associative est marquée par une forte progression du nombre de nos adhérents et autres soutiens.

Votre confiance nous honore et nous porte dans nos actions, toujours plus nombreuses, dans une profondeur de champ juridico-administrative de plus en plus complexe.

Outre les actions judiciaires citées dans le procès- verbal de notre assemblée générale 2023, nous avons récemment saisi le Tribunal administratif pour faire annuler le permis d’aménager plusieurs parcelles (avec possible création d’une voie nouvelle) au sein du lotissement du Parc Pereire.

Nous attendons avec impatience les résultats de nos actions concernant en particulier la Villa Salesse et l’Hôtel Les Vagues.

Le projet de SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale, document qui « chapeaute » tous les PLU) a donné lieu aux observations des Personnes Publiques Associées, dont la CEBA et à une enquête publique.

Ce double processus de consultation conditionne la vie des administrés des 17 communes de l’arrondissement du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre à l’horizon 2050.

Le SCOT devrait être publié en janvier prochain. Gageons que les observations de l’ASSA seront prises en compte.

Notre belle Ville d’Arcachon subit de plus en plus de phénomènes liés à une « côte d’azurisation » rampante, au surtourisme, aux locations précaires, à la sociologie tapageuse du défoulement, à la disparition du sens commun et du respect de ce que les anciens et la nature nous ont transmis.

Il est donc impératif de réagir et d’inciter nos élus à prendre des décisions drastiques.

Certains quartiers d’Arcachon méritent d’être beaucoup mieux protégés, architecture, massifs arborés, vues et paysage compris. La question de la création de Sites Patrimoniaux Remarquable devient donc incontournable.

Enfin, au sujet de nos arbres, il apparaît que des attaques de scolytes font des ravages considérables sur le Bassin et en France entière.

Il appartient sans doute à nos élus, sur ces attaques souvent fatales pour nos arbres, d’informer, de préconiser, et de conseiller en matière d’abattage et de replantation. Puisse cette Lettre d’automne vous apporter l’essentiel des informations que vous souhaitez !

Pour le reste : contactassa33120@gmail.com

Jacques STORELLI Président

ENJEUX PATRIMONIAUX

La Contribution de l’ASSA à l’enquête publique sur le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) (extraits)

 

INTRODUCTION

Si l’on considère qu’un SCOT constitue un document de planification sur plusieurs décennies, il semble impératif, avant de construire le document :

  • d’établir un constat doublé d’un diagnostic sur l’évolution de l’arrondissement depuis 30 ans, tous facteurs confondus (démographie, urbanisation, patrimoine architectural, éléments identitaires du lieu, culture du lieu, usages, coupures d’urbanisation, zones naturelles, biodiversité terre, air, mer, qualité des eaux, bassin versant, inondations, submersion, rejets, déchets, pollutions, qualité de l’air, défense contre la mer, incendie, forêt, Forêt Usagère, économie de la mer, énergie, énergies nouvelles, Réserves, classements, mobilités, logement des actifs, loisirs, sports, économie, artisanat, industrie…

Faute de l’avoir fait, le projet se prive de toute possibilité de mesurer le chemin parcouru, d’en tirer des conclusions et de définir des tendances, et de fixer des objectifs à partir d’un retour d’évolution et d’expérience précis et renseigné.

  • de prendre réellement en compte le maître de tous les sujets, celui de l’évolution des conditions climatiques, et de mettre en compatibilité par palier chaque chapitre du SCOT avec les prévisions de la communauté scientifique à l’horizon 2050, en matière d’élévation du niveau des océans, d’augmentation des températures, de modification du Gulf Stream, de modifications de certains phénomènes météorologiques et des

Le Comité de Concertation et d’Associations (CoCoAs) pour la révision du PPRRL de Lège Cap-Ferret n’a pas hésité à prendre en compte les prévisions du GIEC, en l’occurrence leur crête haute.

Faute de l’avoir fait, le projet va se heurter à une évolution qui va en invalider très rapidement l’efficacité et la portée.

Cela est pourtant incontournable, ne serait-ce qu’en matière de calculs des surfaces des territoires disponibles à urbaniser, à l’heure où nos parlementaires planchent sur une loi sur le repli, sur la gestion des nombreux territoires que l’on ne va pas pouvoir défendre contre la submersion ou les inondations…

Mais ce n’est pas tout.

Le projet de SCOT semble bien vouloir rejouer la partie perdue précédemment par l’annulation judiciaire du SCOT en 2015.

Des millions d’euros et dix ans de retard ont été consommés pour rien puisque le nouveau projet de SCOT semble bien s’inscrire à nouveau dans une logique provenant de « l’ancien monde », consistant à piétiner encore davantage les zones naturelles et les coupures d’urbanisation, au profit du bétonnage sur des centaines d’hectares, alors que l’on vient d’en artificialiser plus de 1600 depuis peu.

A nouveau, sans cohérence aucune, il s’agit d’additionner les exigences de chaque commune, peu important la disparition des zones naturelles, la saturation des axes routiers et de la circulation nautique, peu important le sacrifice imposé de ce qui fait l’âme du Bassin d’Arcachon, sa culture, et son bonheur de vivre.

L’ASSA se range donc aux côtés des services de l’État dont les critiques du projet de SCOT justifieraient une révision complète du document.

…/… CONCLUSION

Bien des éléments chiffrés fondant le projet ne sont pas justifiés ou semblent erronés.

On en veut pour exemples, notamment, la population globale présente dans l’arrondissement ou autour du Bassin en période estivale, la partition entre RS et RP, les surfaces artificialisées depuis 10 ans…

Les évènements météorologiques récents montrent qu’une épaisseur d’eau de 50 cm à l’intérieur des zones résidentielles littorales de quelques localités du Bassin ne constitue pas un phénomène atypique

; de très basses pressions auraient pu accentuer considérablement les submersions observées doublées de phénomènes d’inondation.

Ces séquences météorologiques automnales ou hivernales provoquent des reculs significatifs du trait de côte et des massifs dunaires ; la partie Sud du Banc d’Arguin se trouve menacée.

La multiplication des épisodes de sécheresse et de canicule (« les trois 30 ») qui exposent les forêts et les massifs arborés en zones résidentielles à des incendies et à des attaques sans précédent de xylophages invite à une réflexion globale sur l’organisation de l’habitat au sein de l’arrondissement dans son ensemble.

La difficulté pour les collectivités de vouloir se conformer à l’obligation de mettre en œuvre les PPRIF (ce qui implique la diminution des surfaces constructibles), et de prévenir l’incendie par le respect strict de l’obligation légale de débroussaillement (OLD), compromet la pertinence du projet de SCOT dans la mesure où ce dernier n’apporte aucune solution concrète pour l’avenir.

Il en est de même, dans la mesure où rien dans le projet de SCOT ne vient changer drastiquement la donne,  alors  que  les  collectivités  et  autres décideurs semblent toujours être dans l’incapacité de :

  • limiter la circulation thermique en fonction de facteurs météorologiques dans les zones forestières,
  • respecter la Loi Littoral, préserver les coupures d’urbanisation et les zones naturelles, anticiper sur le recul du trait de côte,
  • renoncer à artificialiser (golf, habitat, voies de circulation…) en zones inondables ou exposées à la submersion, ou en zones forestières,
  • respecter les volumes de prélèvements d’eau potable (chroniquement dépassés dans une partie de la zone Coban),
  • faire analyser les eaux du Bassin et celles du bassin versant (y compris sous l’angle effet cocktail, impliquant les molécules que les step ne parviennent pas à éradiquer : pesticides, détergents, tensioactifs, perturbateurs endocriniens, anti-termites, hap, cuivre, antibiotiques, aspirine, antidépresseurs, ..),
  • renoncer à l’épandage en forêt de produits chimiques,
  • renoncer à l’utilisation dans les cultures pour animaux de cendres contenant dioxines et furanes,
  • faire respecter les textes applicables aux Réserves Naturelles Nationales, préserver les 200 espèces présentes sur la RNN du banc d’Arguin,
  • cantonner les zones d’évolution des jet-skis,
  • limiter le bruit imposé à la ressource halieutique, anticiper sur le recul dunaire en programmant le transfert des cinq campings du Pyla,
  • innover en matière de dragage de manière à moins impacter la ressource et limiter la turbidité des eaux,
  • mieux protéger les herbiers de zostères,
  • renoncer à déposer dans les zones littorales (la Mole ou autres malines ou en forêt) des déchets provenant de boues portuaires,
  • faire respecter les quotas de mouillages sur la commune de Lège Cap-Ferret,
  • limiter de manière efficace les rotations des hélicoptères touristiques,
  • limiter les effets de la lumière sur l’avifaune,
  • innover en matière d’énergies nouvelles,
  • innover en matière d’énergies liées à l’habitat et aux mobilités….

Pourtant, le SCOT constitue la pierre angulaire de ce qui pourrait permettre à la sociologie du lieu et aux décideurs de changer de paradigme et de faire face sans délai aux enjeux qui se présentent.

Ce document pourrait également s’engager franchement dans le sens de la préservation des éléments identitaires de ce qui fait l’âme de cette partie si emblématique de la Gironde, plutôt que de céder servilement au chant du tapage médiatique, des modes, du développement à tout crin, du business de l’immobilier, et du défoulement estival (ou bientôt des quatre saisons, comme l’a décidé le SIBA, fort de la promotion de la marque territoriale BA).

Faute de veiller à toutes ces légitimes et essentielles préoccupations qui conditionnent la survie de ce qui constitue le Bassin, sa culture, son histoire, ses métiers de la Mer, sa biodiversité, son architecture, son couvert arboré, ses équilibres, le SCOT passe à côté des objectifs assignés, ce que les services de l’État expriment fort clairement à la lumière de la note d’enjeux et du droit positif.

Pour toutes ces raisons, l’ASSA émet un avis défavorable au projet.

Jacques STORELLI Président

Conséquences du SCOT sur le PLU d’Arcachon

De tous les thèmes abordés dans le cadre du SCOT certains ont des incidences irréversibles ou vitales pour le territoire; c’est le cas pour l’urbanisme et la gestion de l’eau.

Examinons les conséquences du SCOT sur Arcachon. L’objectif démographique global sur l’ensemble du SYBARVAL (syndicat dédié) est d’accueillir, d’ici 2040, 40.000 habitants permanents supplémentaires, soit 1/4 de la population résidente actuelle. Pour répondre à ce défi, il est prévu la construction de 30.000 logements et d’artificialiser environ 900 hectares (limite extrême prévue dans le cadre de la loi ZAN, zéro artificialisation nette à échéance 2050). A Arcachon, aucun terrain à bâtir n’est disponible et aucun PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal) n’étant en prévision, la mutualisation de ces objectifs est impossible et devra donc être prise en compte dans le futur PLU, soit une augmentation d’1/4 de la population (2.500 personnes environ). Le rouleau compresseur étatique de densification est en marche. Les élus ont déjà perdu la bataille du COS et de la dimension des terrains à bâtir, celle de la ZAN est en passe d’être également perdue. Sans terrain à bâtir, la seule solution dans le PLU d’Arcachon sera la densification et ses éventuelles conséquences désastreuses : augmentation de l’emprise au sol (disparition des arbres) et augmentation des hauteurs et de la promiscuité.

L’une des solutions les moins pénalisantes, consisterait à réaliser un PLUI permettant de raisonner sur un territoire beaucoup plus vaste et ainsi minimiser les conséquences de la densification.

La gestion de l’eau soulève 3 sujets, l’eau de pluie, l’eau potable et les eaux usées. Si les 2 derniers peuvent trouver des solutions, le premier est plus délicat non pas à cause du SCOT mais, depuis une quinzaine d’années, à cause d’une gouvernance politique inadaptée. En effet la gestion de l’eau a été transférée aux élus locaux ou intercommunaux alors que le sujet ne peut se travailler qu’à l’échelle du bassin versant. Le SYBARVAL représentant les communes avales du bassin versant ne peut que subir les conséquences des décisions prises dans les communs en amont en matière d’artificialisation, d’imperméabilisation, d’augmentation de population, etc. Conjuguée à l’inexistence de PLUI, la gestion de ce problème est insoluble à l’échelle d’une commune, et d’Arcachon en particulier. Sur ce point le SCOT intègre le SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux) mais ne résout pas le problème de gouvernance politique et rend la réalisation de cet objectif difficile sinon impossible.

Philippe BOURGEOIS

Les attaques de scolytes, état des lieux

Si le phénomène a toujours existé, les épisodes de tempêtes et d’incendies provoquent des pics d’attaques impossibles à prévenir ou à maîtriser.

Seuls les abattages ou les démontages d’arbres avec évacuation des bois constituent la solution.

Les symptômes : sciure rousse au pied de l’arbre, trous circulaires sur le fut, défense par coulée de résine blanchâtre par les trous, décollements partiels de l’écorce, présence assidue d’oiseaux sur le tronc, puis désamorçage de la montée de sève et arrêt de la photosynthèse, et passage au roux du houppier avec chute des aiguilles, branches et pommes de pins.

Un pin scolyté est dans un premier temps, moins exposé aux tempêtes (diminution de la prise au vent) ; mais il sera dangereux plus tard ; il faut l’abattre avant avril prochain.

A Arcachon, les scolytes n’ont pas chômé : le Domaine de la Dune, Allée du Docteur Wolf, …

Au Pyla : il y a près de 150 arbres à abattre ; tout le secteur Haitza-Corniche-Dune est attaqué ; Mermoz, Chênes, Bellevue, Plage, etc. également ; des dizaines de particuliers sont concernés ; certains ont près de 20 arbres à abattre.

Aux Miquelots et à Cazaux, il y a de gros dégâts. A Gujan, un camping vient d’être purgé de plusieurs dizaines de pins.

A Andernos, idem.

En Forêt Usagère, c’est quasiment insurmontable, sans préjudice des possibles conséquences collatérales sur les zones résidentielles avoisinantes.

La seconde réplique post incendies et post sécheresses à répétition, aura probablement lieu au printemps 2024 ; d’ici-là, les scolytes font une pause en raison de la pluie et du froid ; mais les millions d’œufs déposés entre écorce et aubier donneront vie à une nouvelle génération.

Nous demandons à nos élus et aux services concernés d’informer, de conseiller et d’épauler tous les administrés frappés par ce phénomène.

Jacques STORELLI Président

Pour info : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/ sur-le-massif-jurassien-10-des-surfaces-sont- touches-par-les-scolytes-estime-mathieu-mirabel- de-la-draf-4534573

https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle- aquitaine/gironde/arcachon/gironde-les-scolytes- hors-de-controle-dans-la-foret-domaniale-sur-le- bassin-d-arcachon-2857709.html

Voir deux documents infra : **

 

LA VIE DES QUARTIERS

Vers une préservation renforcée du site de la Ville d’Hiver 

  1. Introduction : PLU et patrimoine

Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la Ville d’Arcachon, approuvé le 26 janvier 2017, réserve un volet important à la préservation du patrimoine bâti, sous la forme d’une « Charte architecturale », qui témoigne de l’intérêt que porte la Ville d’Arcachon à la question.

Michel MARTY, ancien Architecte des Bâtiments de France (qui veillait notamment, avec pertinence, sur la Ville d’hiver) et François GAUTHIER, ancien Architecte Conseil de la Ville d’ARCACHON, en explicitent les raisons :

« Le patrimoine architectural actuel de la ville d’Arcachon est original, varié et diversifié. A ce titre, il mérite l’établissement de mesures de protection et de mise en valeur compte tenu de son intérêt esthétique et historique. La présente « charte architecturale » définit les orientations et prescriptions de nature à assurer la protection et la mise en valeur des quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites et secteurs à protéger, identifiés et localisés dans les documents graphiques du PLU ».

Le règlement du PLU prescrit ainsi que « tous travaux ayant pour effet de modifier ou de supprimer un « Élément Remarquable du Bâti » (E.R.B.) que le PLU a identifié comme présentant un intérêt d’ordre culturel, historique ou architectural » sont soumis à déclaration préalable. Cette Charte est un document considérable et riche de 699 pages, inventoriant notamment 225 villas, à partir de plusieurs inventaires réalisés depuis plus de 20 ans, et avec le concours de l’ASSA, en particulier pour les photos. Précieuse, cette Charte doit être mise à l’épreuve et pourrait présenter trois faiblesses : d’une part, elle n’édicte pas de règles de protection ; ensuite, elle n’identifie que des immeubles isolés, et non des ensembles (des rues entières par exemple) ; et enfin, dispose-t-on des moyens techniques et des compétences disponibles pour la faire appliquer avec rigueur, y compris pour s’assurer que les déclarations préalables obligatoires sont bien déposées en cas d’interventions sur le bâti, les jardins, les clôtures ?

Mais, surtout, la Charte ne concerne pas la Ville d’Hiver, qui « bénéficie » d’un traitement particulier, en principe plus rigoureux, celui réservé aux « sites inscrits »

  1. La situation des sites protégés à Arcachon

Deux sites sont inscrits à Arcachon, le Parc Pereire et La Ville d’Hiver – ce dernier depuis le 18 septembre 1985 – selon la loi du 2 mai 1930, modifiée en 1957 et codifiée dans le Code de l’Environnement à partir de 2000. « Un site classé ou inscrit, est un espace dont le caractère historique…ou pittoresque appelle, au nom de l’intérêt général, la conservation en l’état ainsi que la préservation de toutes atteintes graves. Un tel site justifie un suivi effectué via une autorisation préalable pour tous travaux susceptibles de modifier l’état ou l’apparence du territoire protégé» Ce classement place en principe la Ville d’Hiver sous la protection de l’Architecte des Bâtiments de France et de l’Inspection des Sites. Ce statut n’est pas optimal, car le suivi n’est pas parfait, y compris sur des éléments essentiels tels que les clôtures ou les parcs. Les défaillances proviennent en particulier de l’absence de la déclaration obligatoire de travaux (incluant l’abattage d’arbres), ainsi que sur de surprenantes autorisations, bafouant les valeurs patrimoniales. Autant qu’on puisse en juger, celles-ci tiennent à la fois à l’absence de règles d’intervention précisément définies, et à la saturation des services compétents : notre association s’en est souvent émue, et plaide donc depuis longtemps pour l’adoption d’un statut de protection plus serré. Dès 1993, nous nous étions associés à une initiative, provenant de l’État avec le soutien de la ville, de créer une ZPPAUP, ancêtre des AVAP. Tentative avortée.

Le refus de la Ville, réitéré lors de la révision du PLU en 2016, aux demandes de l’État de lancer une « AVAP » – Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine – (avant la loi du 7 juillet 2016) peut tenir à diverses causes : refus de laisser l’État s’immiscer dans les affaires de la Ville, possibilité de se garder une échappatoire pour modifier, démolir, changer d’affectation un immeuble, etc. En outre, les services de l’État sont eux-mêmes débordés par suite de la contraction de leurs effectifs.

Toutefois, ce désaccord est désormais caduc. La nouvelle loi (LCAP), promulguée le 7 juillet 2016 relative « à la Liberté de la Création, à l’Architecture et au Patrimoine » prévoit de nouvelles dispositions en matière de conservation et de mise en valeur du patrimoine architectural, urbain et paysager.

  1. Le nouveau régime de protection institué par la loi LCAP

L’ASSA plaide donc désormais pour l’adoption du nouveau dispositif appelé « SPR » (Site Patrimonial Remarquable) placé sous la surveillance conjointe de l’État et de la Ville.

Un Site Patrimonial Remarquable (SPR) est « une ville, un village ou un quartier dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, du point de vue architectural, archéologique, artistique ou paysager, un intérêt public. Ce classement a le caractère juridique d’une servitude d’utilité publique affectant l’utilisation des sols ».

Ce classement se substitue aux AVAP, ainsi qu’aux « Secteurs Sauvegardés » institués par la loi « Malraux », du 2 août 1962, qui deviennent de fait, tous deux, des SPR.

La loi LCAP permet de maintenir les servitudes d’utilité publique des AVAP existantes qui sont, de fait, classées en SPR, leur règlement tenant lieu de document de gestion jusqu’à ce que s’y substitue un « Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine » (PVAP). Le décret du 29 mars 2017 précise les conditions et les procédures de classement des SPR et d’élaboration des PVAP.

Quant aux anciens « Secteurs Sauvegardés », procédure puissante et emblématique de protection du patrimoine urbain français, ils étaient placés sous le régime d’un « Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur » (PSMV). Ce dispositif est assez peu modifié par la loi LCAP, et le PSMV qui couvre ces quartiers – existants ou à créer – constitue toujours un document d’urbanisme qui se substitue au PLU.

  1. Pourquoi pas… ?

L’ASSA persévère dans sa volonté de placer la Ville d’Hiver sous un régime de protection moins aléatoire que l’actuel ; il lui reste donc à opter soit pour un « PVAP », soit pour un « PSMV ». Il semblerait que la politique actuelle de l’État soit de concentrer ses efforts sur les PSMV, afin de

mettre en valeur les sites urbains français qui n’en bénéficient pas encore, tout en laissant le soin d’une protection de moindre intensité à des « PLU patrimoniaux ». Nous tenons assez, pour notre part, à la participation des services de l’État à la préservation de notre patrimoine, en raison de la rigueur de ses personnels spécialisés.

Nous pensons que la Ville d’Hiver, quartier de style « éclectique », tel que le définit l’ouvrage fondateur de Maurice Culot (La Ville d’Hiver d’Arcachon,1988), le vaut bien.

À elle seule, la Ville d’Hiver renferme plus de villas patrimoniales dignes de préservation que tout le reste de la ville, environ 250, dont la majeure partie a été édifiée avant la fin du XIXème siècle. L’enjeu majeur est dans le maintien de leur intégrité, au sein de leur environnement et au fil du temps. La méthode du PSMV, qui établit avec précision la carte d’identité de chaque villa dans son écrin de verdure, y pourvoit. Mais pour s’assurer de l’harmonie du quartier, le PSMV édicte également des règles concernant les quelques 300 villas construites postérieurement, dans le but de guider les évolutions, additions, transformations dont ces édifices, souvent de qualité quoique de styles hétérogènes, sont constamment l’objet.

Quant aux avantages fiscaux dont peuvent bénéficier les propriétaires entreprenant des travaux sous le régime du PSMV, ils n’auraient chez nous qu’un effet marginal, ces dispositions ne touchant que les immeubles mis en location, au moins pour 9 ans, ce qui est une situation rare en Ville d’Hiver.

Conclusion : Nous pensons pouvoir emporter l’adhésion tant de la Ville que de l’État en faisant valoir, avec l’appui de tous nos adhérents et d’autres amis du patrimoine, tous les avantages liés à une inscription en SPR.

Par quel moyen à notre portée ? Sans doute en esquissant une sorte de pré-étude mettant en valeur les atouts de notre quartier. Il existe déjà une belle documentation qui doit être complétée. Nous avons aussi une riche matière d’études de cas, en positif comme en négatif : ce qu’il faut faire, et ce qu’il faut à tout prix éviter. La base de données est considérable.

Jean MARIEU

Le SASSEC Syndicat Arcachonnais pour la Sauvegarde du Site et de l’Environnement de La Chapelle

L’hôtel Les Vagues

Dès le début, le projet de l’hôtel Les Vagues a suscité interrogations et inquiétudes de tous ordres, ensuite hostilité lors de la chute des murs et enfin colère et oppositions déclarées depuis la démolition /reconstruction.

-Interrogations et inquiétudes dès l’affichage du permis de construire

  • Inquiétudes : proximité des parcelles mitoyennes

L’une Saint Joseph, maison de retraite.

L’autre, celle de la famille Peyrelongue dont la limite séparative est inférieure à 4 mètres le long du mur Ouest.

  • Interrogations : l’esthétique du bâtiment

Ce cube de métal et de verre quadrillé de noir sans rapport aucun avec l’architecture du quartier a suscité dès le début l’incompréhension, la consternation, la réprobation et des oppositions.

  • Inquiétudes et interrogations : l’aménagement du 5ème étage
    • Une piscine dont une partie transparente est dans le vide.
    • Un espace détente avec les prestations d’un bar/brasserie et musique d’ambiance.

Cet aménagement fait craindre aux riverains des parcelles avoisinantes des nuisances visuelles et sonores.

En effet, rien n’est prévu sur les plans pour empêcher les vues directes sauf quelques plantations éparses et un garde-corps à 1m10. Rien n’est prévu, non plus, en termes d’isolation phonique.

Les propriétaires des 3 parcelles situées à l’Ouest du projet et des 3 à l’Est redoutent de subir un préjudice visuel et sonore insupportable dans la jouissance de leurs terrasses en plus d’une baisse importante de la valeur de leurs biens.

  • Inquiétudes : L’ampleur des travaux et leur sophistication font craindre aux riverains d’autres
  • Vibrations des maisons lors de la démolition et l’évacuation des gravats,
  • Désordres lors de l’implantation des poteaux d’angle permettant de renforcer l’édifice d’origine,
  • Bruits liés aux engins de chantier, poussières en particulier pour la maison de retraite St Joseph.

Certains riverains ont obtenu du propriétaire du projet qu’un huissier constate l’état de leur maison en début de travaux.

  • Inquiétudes et Interrogations

L’attrait de ce nouvel établissement, à l’architecture atypique, abritant un hôtel 5 étoiles, un restaurant gastronomique, bénéficiant sur son R+5 de la plus belle vue du Bassin, à l’exception du belvédère, avec de surcroît une piscine transparente en partie dans le vide, visible de la plage, a fait craindre un afflux très important de clients et de curieux via la plage : une attraction touristique.

Heureusement, la piscine dans le vide a été supprimée, celle prévue est conventionnelle.

-Hostilité lors de la chute des murs L’effondrement de 2 murs du 5ème étage, l’un à l’Est sur la maison de retraite St Joseph, évacuée de ses pensionnaires un lundi matin à 7 heures et l’autre, à l’Ouest, quelques jours plus tard sur la maison de la famille Peyrelongue, a augmenté l’hostilité au projet et fait naître la colère.

En revanche, les riverains n’avaient pas prévu les dégâts collatéraux liés aux effondrements (coupures d’électricité prolongées) ni ceux liés à la démolition (pollution à la laine de verre et invasion de rats).

-Colère et oppositions déclarées depuis la reprise des travaux à aujourd’hui

Le SASSEC au fait de ce dossier depuis le début, a choisi de laisser la main à l’ASSA dans les procédures             de       recours          compte tenu     de        la complexité du dossier et du niveau d’instance à solliciter. En effet, après le rejet d’un référé demandant l’arrêt des travaux, l’ASSA a été contrainte de se pourvoir devant le Conseil d’État. Il va s’agir de faire reconnaître, ce qui a été observé, photographié, à savoir que le bâtiment d’origine a été entièrement détruit et que, dès lors, sa reconstruction doit se faire en respectant les règles d’urbanisme en vigueur, en particulier la hauteur des immeubles / nombre d’étages, et distances séparatives.

-L’ultime crainte

Serait que ne soit pas reconnue cette démolition déguisée et avérée, qu’une telle manœuvre, impliquant la Mairie de surcroît, fasse « jurisprudence » et devienne pratique courante au mépris des règles d’urbanisme, du vivre ensemble et de l’intérêt commun.

Marie-Pierre PRAT

ASSA – Association de sauvegarde du site d’Arcachon MA.AT 
Esplanade Georges Pompidou
33120 Arcachon
Courriel : contactassa33120@gmail.com

N°24 – novembre 2023