Bien reconnaissable par son belvédère à colombages, Sirius est une des villas les plus originales du quartier de l’Aiguillon. Le plan carré et la symétrie de la construction donnent une harmonie certaine à l’ensemble. Les murs sont constitués de deux épaisseurs de brique de Biganos placées parallèlement, une solution traditionnelle de la région qui a été abandonnée de nos jours. Traditionnelle aussi la galerie située côté sud, avec son lambrequin et ses poteaux en fonte provenant sans doute de la Fonderie du Ponant qui était située à Biganos. Trois belles cheminées en marbre de différentes origines témoignent de la qualité de l’aménagement intérieur.
Sirius a été conçue dès la construction pour supporter le belvédère car une ossature métallique, réalisée dans le plancher du premier étage, renforçait celle en fer et bois du belvédère. On y accède par deux escaliers. L’un, droit, permet d’atteindre une plate-forme située au niveau du grenier. Le second, à quartier tournant, relie le grenier au plancher du belvédère. L’isolation des combles était formée de 27 centimètres de sciure tassée entre les solives. C’était assez efficace et peu dangereux, la sciure tassée brûlait très lentement et protégeait les solives du feu.
Construite en 1903, Sirius a été la villa de Gustave Silhouette, neveu du fameux commandant. Celui ci, directeur de Pêcheries de l’Océan, utilisait des longues-vues placées dans le belvédère et un code de fanions sur les bateaux pour en connaître la pêche avant leur arrivée au port mais surtout avant tout le monde. Cela lui permettait de la négocier au mieux. L’acquéreur suivant avait retrouvé les longues-vues dans le belvédère. Ancien capitaine au long cours, le commandant Silhouette, qui l’avait peut-être fait construire, l’avait-il baptisée Sirius à cause de l’étoile bien connue des marins ou du premier bateau à avoir traversé l’Atlantique entièrement à la vapeur ? Nous n’avons pas trouvé la réponse.
Sirius a été rénovée en 2003 et 2004 pour son centenaire, Elle a retrouvé son aspect d’origine mais n’est pas favorisée par l’arrière-plan des immeubles construits il y a quelques années sur l’ancien terrain des Pêcheries de l’Océan.
Francis Hannoyer