Le cahier des charges de la Ville d’hiver, présenté normalement à la signature de tout acquéreur depuis 1864, réglemente précisément la nature et la hauteur des clôtures ainsi que les haies. C’est le cas aussi d’autres lotissements anciens comme celui de l’Allée des Tilleuls. Le Schéma de mise en valeur de la mer du Bassin d’Arcachon (SMVM), instauré en 2004, aborde également les clôtures, le PLU d’Arcachon précise les règles qui s’y appliquent. Les clôtures seraient-elles un sujet important ?
La réponse est oui, les clôtures, comme la végétation, jouent un rôle fondamental sur la qualité du paysage urbain et encore plus à Arcachon que dans d’autres communes. Ce sont elles qui donnent son unité à la rue et au quartier alors que les villas présentent une grande variété, ce qui est par ailleurs un des charmes d’Arcachon.
Le 19e siècle et le début du 20e, très sensibles au paysage, y attachaient beaucoup d’importance, ce qui nous permet d’admirer de beaux ensembles de grilles et de barrières.
Les grilles d’origine du lotissement de l’avenue Nelly Deganne
Les psychologues ont d’ailleurs montré que la répétition d’un même élément suivant un rythme régulier engendrait un sentiment de beauté. Là est sans doute l’origine de ces règles.
La réglementation des clôtures dans les lotissements était, à l’époque, aussi stricte que pour les maisons, le cahier des charges de la Ville d’Hiver fixe, par exemple, leur hauteur à 1,20 mètre, permettant de voir la villa et le jardin.
Même muret en pierre, même grille pour les villas Siebel et Marguerite, belle harmonie pour l’allée Faust. C’est cette transparence qui a favorisé une compétition amicale entre voisins et l’embellissement progressif de la Ville d’Hiver par la transformation des chalets initiaux en magnifiques villas.
Presque toujours basse, la clôture arcachonnaise favorise la convivialité. Elle permet d’admirer les jardins et les villas dont les propriétaires d’Arcachon sont souvent très fiers. N’oubliez pas que votre clôture, comme votre portail, est la première impression que vous donnez à vos voisins, vos visiteurs ; si elle est favorable, elle vous classe à priori comme une personne « de goût ».
Avenue des Abatilles, une clôture simple mais rythmée et plaisante à l’œil
Si vous êtes nouveau propriétaire à Arcachon, sachez qu’une belle clôture, végétalisée de préférence, ou une haie variée et fleurie favorisera les contacts avec les voisins et votre intégration dans le quartier alors qu’une palissade qui vous cacherait à l’abri des regards entraînera toujours une réaction de méfiance : pourquoi se cache-t-il ? pourquoi cherche-t-il à se différencier ? Les assurances et la police vous confirmeront par ailleurs que se cacher est la meilleure protection que vous pouvez offrir à un cambrioleur déjà entré.
Certains préfèrent un aspect plus naturel, il s’intègre bien aux Abatilles
Bien entendu, il est tout à fait légitime de vouloir préserver un coin plus intime, notamment autour de la piscine, faites-le de préférence avec une haie végétale, placez si possible ce lieu derrière la villa et surtout n’obturez pas totalement la vue sur celle-ci.
Ne cachez pas votre villa si elle est belle comme celle-ci
La haie présente beaucoup d’avantages, surtout lorsqu’elle est paysagère et variée, vivante et naturelle. Au contraire, n’abusons pas de la haie constituée d’une seule espèce, ce type est très sensible aux maladies. Évitons de dépasser une certaine hauteur et de la tailler de façon compacte et rectiligne, la transparence du paysage est une des principales caractéristiques du Bassin d’Arcachon et il est important de la conserver.
Le mur était trop haut, il a fallu le baisser. Les lames de la clôture sont trop proches, mais la haie est belle, personne n’a rien dit
Si vous devez refaire votre clôture, rappelez-vous que c’est une construction et donc qu’elle doit faire l’objet d’une déclaration préalable mais, avant de définir votre projet, regardez celles de vos voisins, de votre rue pour préserver un ensemble harmonieux. N’hésitez pas à consulter votre association de quartier, elle est la mieux placée pour vous conseiller et vous éviter une erreur coûteuse si vous étiez obligé de refaire votre clôture.
Gardons aussi à l’esprit qu’un beau jardin est un jardin vivant, notre amie Françoise Branger l’a bien exprimé dans le texte ci-dessous :
La complainte du hérisson
Aux habitants des maisons, aux bâtisseurs de clôtures
Un aïeul m’a conté le temps où nous autres, hérissons, allions droit devant nous, en quête de choses à manger, sans jamais rencontrer de clôtures.
C’est maintenant bien différent. Au-delà des routes déjà si dangereuses, chaque maison, chaque jardin est barricadé comme une forteresse et il nous faut contourner longuement maints obstacles. C’est notre lot aussi bien que celui d’autres animaux des jardins.
Si seulement vous songiez à ménager pour nous quelques petits passages ! …
Et puis, de quoi les humains prétendent-ils se préserver derrière leurs enclos, leurs murs, leurs grillages ? Les voleurs franchissent plus aisément ces pauvres défenses qu’un dense buisson d’épineux.
Ah ! Au lieu de tout cela, que ne plante-t-on partout de belles haies paysagères, de profonds fourrés de bambous, d’épais taillis verts et de somptueux arbustes fleuris où nicheraient la grive et les petits oiseaux ?
Comme il y aurait de la vie dans vos jardins et comme ce serait joyeux pour tous !
Je rêve de cela, mais je me réveille dans ce monde de clôtures.
Ça me rend triste.
Ça me hérisse.
Le Hérisson
Francis Hannoyer