Ce vieux mot d’origine indienne (phonétiquement varanda ou baranda selon les régions de l’Inde) désignait ce que nous appelons une galerie. Pour l’adapter à nos climats, nous l’avons fermée avec des vitres, mais cette innovation date seulement du 19ème siècle.

Le principe des serres était pourtant connu depuis l’Antiquité et déjà utilisé par les Romains pour cultiver les légumes mais les vitrages étaient colorés et peu transparents. La technique du verre, en partie perdue en Europe au Moyen Age, s’améliorera lentement à partir du 15ème siècle grâce aux verriers vénitiens de l’ile de Murano mais le prix des vitrages était très élevé. Des vérandas fermées par des panneaux portant des feuilles de papier translucides existaient également au 17ème siècle au Japon mais il fallait les ouvrir pour admirer le jardin.

L’ancêtre de la véranda, le « jardin d’hiver », est apparu en Europe au 18ème siècle, une ossature de bois maintenait des vitres de petite dimensions. Il permettait de conserver les plantes exotiques rapportées par les explorateurs et obtenir des fleurs extraordinaires pour l’époque. Elles étaient très à la mode mais réservées aux plus fortunés.

Au 19ème siècle, des innovations ont permis la production industrielle du verre plat et les progrès de la sidérurgie ont favorisé le développement du « jardin d’hiver ». En 1836, la « serre mexicaine » du Jardin de Plantes, inspirée de réalisations anglaises, était inaugurée à Paris mais surtout, en 1846, construit sur les Champs-Elysées, un jardin d’hiver obtenait un grand succès auprès des Parisiens.

Le développement du Romantisme incitait enfin à la création d’un lieu favorable aux émotions de l’individu. La véranda s’est alors développée rapidement dans toute l’Europe et est devenue un élément essentiel de la villa pittoresque avant de quasiment disparaître une grande partie du 20ème siècle et de réapparaitre récemment.

C’est un espace intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur. Dans les belles villas, comme son petit frère le bow-window, elle permet de participer au spectacle de la nature sans s’exposer au soleil ou aux intempéries.
En ville, elle permet aussi de participer à celui de la rue, activité fort répandue quelle que soit l’époque.

La véranda de l'Oasis, ancien Hôtel Continental et des Pins, allée du docteur Lalesque, est métallique comme la plupart des vérandas de grande dimension et les serres.
La véranda de l’Oasis, ancien Hôtel Continental et des Pins, allée du docteur Lalesque,
est métallique comme la plupart des vérandas de grande dimension et les serres.
Cette superbe véranda d'inspiration mauresque, situé 141 cours Desbiey, était l'atelier d'une couturière renommée
Cette superbe véranda d’inspiration mauresque, située 141 cours Desbiey,
était l’atelier d’une couturière renommée

Au 19ème siècle, c’était souvent la seule pièce bien éclairée de la villa. On y effectuait entre autres les travaux délicats de couture et de broderie. Quelquefois, elle sert aussi de vestibule, limitant les courants d’air lorsqu’on entre ou sort de la villa.

Très fréquente à Arcachon, en particulier face au Bassin, elle permettait d’y suivre confortablement les régates ou d’observer les tempêtes. Dans les belles villas, elle est fréquemment double, deux vérandas superposées donnant à la façade un aspect très typique.

Elle est généralement en bois, comportant près du sol une partie pleine menuisée surmontée d’une partie vitrée composée d’un ensemble harmonieux de grands et petits carreaux tenus par des « petits bois » dont la finesse est remarquable.

Entretenez la bien si vous en possédez une car les montants en aluminium, mais surtout ceux en pvc, des vérandas modernes sont plus larges et ont beaucoup moins de charme.

Francis Hannoyer

La véranda